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La formation professionnelle en alternance au cœur du modèle économique allemand

La formation professionnelle en alternance au cœur du modèle économique allemand
Par Samia Boudjelloul
17.10.2023

Le système d’enseignement supérieur allemand présente une originalité : le supérieur n’offre pas de formations en-deçà du niveau 6 de la CITE (licence ou équivalent). En d’autres termes, il ne propose pas de programmes courts à vocation professionnalisante. 

Si tel est le cas, c’est parce que l’appareil de formation, en Allemagne, est pensé comme foncièrement au service du marché du travail – lequel se distingue, comme chacun le sait, par la densité de son tissu de PME et ETI. Conséquences…

Le choix des études universitaires est historiquement minoritaire parmi la jeunesse allemande, malgré une progression très sensible de la proportion d’une classe d’âge inscrite dans le supérieur au cours des vingt dernières années.  En 2000, seule une personne sur cinq, parmi la classe d’âge 25-34 ans, était diplômée du supérieur (22,3 %) ! Si ce pourcentage avait grimpé à 34,9 % en 2020, il restait toutefois très nettement inférieur à la moyenne des pays de l’OCDE (45,6 %). C’est près de 15 points de moins qu’en France. 

Bien plus nombreux sont en effet les jeunes qui optent pour la formation professionnelle en alternance, Duale Berufsausbildung, qui est au cœur-même du modèle économique national. Il s’agit, selon la classification internationale, d’une formation de niveau post-secondaire non-supérieur (équivalent au niveau 5 de la CITE). Bien que pouvant conduire à l’enseignement supérieur, elle y constitue, dans la pratique, une alternative. Ce mode de formation est porté par tout un écosystème national (écoles professionnelles, ou Berufsschulen, financées par les pouvoirs publics ; environ 400 000 entreprises ; organisations patronales ; syndicats ; chambres de commerce et d’artisanat ; autorités fédérales et fédérées) qui en garantit l’efficacité et la réactivité, notamment par une adaptation continue des profils professionnels aux besoins réels de l’économie. En 2020, un diplôme du secondaire non-supérieur (plus de 9 diplômés sur 10 étant issus de la formation professionnelle en alternance) constituait le niveau de formation le plus élevé atteint par plus de la moitié des 25-34 ans en Allemagne (51,9 %)pour une moyenne de 40,5 % au sein de l’OCDE, et de 38,6 % en France.

À noter : 

  • Parmi les élèves inscrits en second cycle secondaire professionnel en 2018, 92 % étaient engagés dans une voie leur ouvrant les portes de l’enseignement supérieur. 
  • La part des jeunes (25-34 ans) qui arrête ses études avant le second cycle du secondaire est en revanche parfaitement alignée sur la moyenne des pays de l’OCDE : 13,2 % en Allemagne, pour une moyenne de 13,9 % au sein de l’organisation. 

Ces deux chiffres nous confirment, par les deux bouts de la chaîne, que la formation professionnelle non-supérieure en alternance constitue bien une préférence sociétale en Allemagne – et tout le contraire d’une voie par défaut. Pays dans lequel le taux de chômage des 15-24 ans était de 7,1 % en 2020, soit le plus faible d'Europe (et trois fois inférieur à celui de la France), et où la part de NEET était équivalente, avec un taux de 7,4 % – cinq points de moins qu'en France, et près de trois fois moins qu’en Italie.

Lisez l'Essentiel Paxter consacré à la question : "L'enseignement supérieur en Allemagne"
Par Samia Boudjelloul
17.10.2023