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Le système éducatif suisse : fluidité, équilibre et efficacité

Le système éducatif suisse : fluidité, équilibre et efficacité
Par Samia Boudjelloul
30.01.2023

Le système d’enseignement supérieur suisse a la particularité – et l’intelligence – de ne pas être organisé de manière binaire. Il ne pose en effet pas la question de l’orientation en termes de choix entre filières académique et professionnelle : il propose plutôt un continuum qui, de la formation professionnelle supérieure (FPS) assurée par les écoles supérieures (ES), passe par l’enseignement universitaire professionnalisant, délivré par les hautes écoles spécialisées (HES) et les hautes écoles pédagogiques (HEP) et se termine par l’enseignement académique et ses hautes écoles universitaires (HEU). Cette fluidité irrigue toute la chaîne scolaire. 

Voici les principaux ingrédients de la recette éducative suisse : 

  1. Des parcours de second cycle du secondaire sélectifs (deux professionnels et deux généralistes), aux débouchés bien identifiés (marché du travail, écoles supérieures, hautes écoles) ;
  2. L’existence systématique de passerelles qui d’une part garantissent la porosité des branches de l’éducation, dans le secondaire et au-delà et, d’autre part, permettent toujours de poursuivre vers le niveau supérieur, quelle que soit la trajectoire ; 
  3. L’absence de sélection à l’entrée du supérieur ;
  4. Formation et expérience professionnelle ne sont pas considérées comme des étapes successives, mais plutôt comme deux univers en dialogue, entre lesquels il convient de faire des allers-retours pour en tirer le meilleur parti. De fait, l’âge moyen d’entrée dans le supérieur au niveau licence ou équivalent s’établissait en Suisse à 25 ans en 2018, contre 22 ans pour la moyenne des pays de l’OCDE, et 21 ans en France. 

La combinaison de ces éléments fonde l’efficacité de l’enseignement supérieur suisse. Son paysage se singularise par des équilibres assez uniques qui font de la Suisse un modèle, au sens premier du terme. 

Premièrement, en Suisse, une filière professionnelle secondaire très attractive et une part modeste des jeunes entrant dans le supérieur vont de pair avec une part très élevée de la population adulte formée au niveau supérieur. En effet : 

  • l’enseignement professionnel secondaire attire plus des deux tiers des élèves (69 % du total des effectifs en 2019-2020), pour une moyenne de 42 % au sein de l’OCDE en 2018 ;
  • le taux d’accès des jeunes à l’enseignement supérieur tel que calculé par Paxter était de 52 % seulement en 2017, soit très inférieur à celui des 27 pays européens couverts par l'étude Next15 de Paxter (près de 68 %) ;
  • dans le même temps, plus de 44 % des adultes (25-64 ans) possédaient un diplôme supérieur en Suisse en 2019, une part de 6 points supérieure à la moyenne OCDE.

Deuxièmement, la ventilation des effectifs entre les différentes branches de l’enseignement supérieur est remarquablement équilibrée dans le pays. À grands traits, sur 10 étudiants en 2019-2020, 5 étaient inscrits en HEU, 3 en HES/HEP et 2 dans la FPS ; et sur le total de leurs effectifs, les HEU comptaient 16 % de doctorants. 

Troisièmement, les jeunes diplômés suisses s’insèrent remarquablement sur le marché du travail, qu’ils soient issus du secondaire professionnel ou diplômés du supérieur. En 2021, en effet, 86,5 % des 25-34 ans qui avaient terminé le secondaire sans poursuivre au-delà étaient en emploi – l’immense majorité d’entre eux étant issus d’une filière professionnelle. C’était dix points de plus que la moyenne des pays de l’OCDE (76,6 %), et presque autant par rapport à la France (77 %). Chez les jeunes possédant un diplôme supérieur, cette part atteignait 90,5 %, soit 6 points de plus que la moyenne OCDE (et 3 points de plus que la France), et un écart divisé de moitié entre ces deux catégories par rapport à la moyenne de l’organisation (4 points en Suisse, contre 8 à l’échelle de l’OCDE et 10 en France).

Lisez l'Essentiel Paxter consacré à la question: "L'enseignement supérieur en Suisse"
Par Samia Boudjelloul
30.01.2023