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Faut-il poursuivre dans le supérieur en Italie ?

Faut-il poursuivre dans le supérieur en Italie ?
Par Samia Boudjelloul
23.11.2023

Le système italien d’enseignement supérieur ne pratique aucun type de sélection à l’entrée, et toutes les filières de l’enseignement secondaire permettent d’entamer des études supérieures, sous réserve que la formation visée soit en cohérence avec le domaine des études secondaires suivies (surtout pour la formation professionnelle). La seule barrière d’accès réside dans les frais de scolarité, mais avec un seuil de revenus en-deçà duquel s’applique un principe de gratuité absolue (revenus inférieurs ou égaux à 13 000 euros). 

Ce système particulièrement ouvert est quasi intégralement académique : neuf étudiants sur dix étaient inscrits en université en 2020. La formation professionnelle a en effet été cantonnée au niveau secondaire et post-secondaire non-supérieur jusqu’en 2010, date de la création des instituts techniques supérieurs (devenus depuis instituts technologiques supérieurs). 

Or, l’enseignement supérieur italien pèche par son inadaptation au marché du travail. Parmi les indicateurs pertinents, il convient de regarder la situation quant à l’emploi de la classe d’âge des 25-34 ans en Italie par rapport aux autres membres de l’OCDE. En 2022, le taux d’emploi des diplômés du supérieur parmi cette tranche d’âge était de 72,8 % dans le pays, soit 13,6 points inférieur à la moyenne de l’OCDE (86,4 %). Cet écart était plus important que pour les 25-34 ans diplômés de l’enseignement secondaire supérieur (11,1 points) et beaucoup plus important que pour les jeunes ayant un niveau de qualification inférieur au second cycle du secondaire (6,9 points).
Autre indicateur – criant – du décalage entre l’offre de formation et les besoins de l’économie réelle : en matière de revenus, l’avantage que conférait un diplôme de l’enseignement supérieur ne dépassait pas 19 % parmi la tranche d’âge des 25-34 ans en 2018, contre 38 % en moyenne au sein de l’OCDE (OECD, “Italy” in Education at a Glance 2019)
De plus, le pays comptait à cette date 16,4 % de NEET parmi les 15-29 ans diplômés du supérieur, quand la moyenne des pays de l’OCDE s’établissait à 9,5 % (source : base de données en ligne de l’OCDE). 

Ce manque de perspectives pousse un nombre croissant de diplômés de l’université à quitter le pays. La perte nette de jeunes hautement qualifiés, qui s’élevait à 13 000 âmes pour la seule année 2018 et à 101 000 sur les dix années précédentes (European Commission, “Italy”, in Education and Training Monitor 2020), nous rappelle que le brain drain n’est pas uniquement un flux Sud-Nord.

Lisez l'Essentiel Paxter consacré à la question :
Par Samia Boudjelloul
23.11.2023